Une fumée innatendue

Un soir, j'attendais un ami dans une place très connue du vieux Toulouse... Tout seul et dans l'obscurité, je me laissait endormir par l’apathie de l'environnement.

Sentant que mon ami ne venait pas, je décidai de l'appeler, mais je me rendis compte que les pickpockets du coin ont pris le temps de caresser les poches intérieures de mon manteau. Le coup de fil devra attendre, je dois patienter sagement.

Malgré la présence de nombreux bars dans les environs, je n'ai ni bu ni fumé ce soir, je vous le certifie. Cependant, ma vision semblait se jouer de moi, peu à peu...

Un brouillard opaque, des ombres, la brise du vent balayant les feuilles mortes... Une ambiance de soir de 1er Novembre.

Des spectres de guerriers malsains apparaissaient dans mon champs de vision. La menace qu'ils représentaient me paraissait de plus en plus réelle. Je me forçais à croire que ce sentiment n'était que purement subjectif, en vain...

Il me fallait me protéger, tant que faire se pouvait. Face à leurs glaives, je pris pour bouclier le couvercle de la poubelle la plus proche. On ne pouvait pas faire plus comique et désespéré.

Sous mon pessimisme, j’espérais néanmoins résister à l'impact qui allait suivre, à cette confrontation que ces coriaces adversaires allait me proposer. "Serrer les dents, m'accrocher, prier" tel était mon credo.

Boum !

Ce fut bref et précis. Un collision sans précédent pour moi. Ce fut comme être percuté puis projeté par une voiture roulant à forte allure et en survivre miraculeusement. Je n'eût aucune séquelle de tout ceci. Ma vie et ma santé n'étaient pas en danger, seulement ma raison.

Et ça ne s’arrêta pas là, une odeur invraisemblable se fit ressentir. Je ne pus deviner l'origine de ces vapeurs toxiques. A ma grande surprise, elle ne me repoussèrent pas. Elles aiguisèrent ma curiosité et forcèrent mon attention. Entre-temps, je pris garde à la robe rouge sang que prit cette fumée.

Des débris se dégagèrent de cette fumée, dont cet emballage de tabac à rouler, flottant dans l'air.

Je le saisis sans effort tout en désinvolture. Ce sachet quasi-vide eût tout-aussi l'air content de me voir.

Ou bien tenta-t-il de m'avertir ? Mais de quoi ? Vu l'heure, vu le contexte il n'y avait pas de mal à voir sa paranoïa grandir et observer partout. Des drames se sont déjà produit en ce lieu à cette heure-ci de la soirée, je vis pas alimenter la rubrique des faits divers.

Que se passa-t-il ?

Une main m’entraîna vers la bouche d'aération rompue donnant vers des profondeurs indéfinies, je ne pus rien y faire. Comme la tentation, le meilleur moyen d'y résister fut d'y céder, impuissant.

C'est ainsi que je disparus de la circulation, emporté par une fumée, six mille lieux sous-terre. Je laisse les enquêteurs à ma trace depuis des heures se faire une opinion. Car, entre-nous, qui pourrait croire à une telle histoire ?